Quelle Europe voulons-nous ?

Quelle Europe voulons-nous ?

En votant pour le Brexit, nos amis britanniques ne se doutaient certainement pas qu’ils allaient, bien malgré eux, mettre en lumière les nombreux avantages résultant de l’appartenance à l’Union européenne (UE), avantages dont ils n’avaient pas pris conscience avant leur vote, et dont ils redoutent maintenant d’être privés. Les diverses tentatives de leur classe politique pour limiter les conséquences radicales de cette situation confortent, d’une certaine façon, l’idée européenne.

La leçon a été comprise au-delà du Royaume-Uni : le regard des citoyens a changé et même les plus réticents savent que quitter le navire Europe serait se mettre en danger. Cela n’a pas fait disparaître leurs critiques ; en revanche, leur discours a évolué : ils ne prônent plus la sortie de l’UE mais sa transformation. 

Ce changement de discours des eurosceptiques alimente plus généralement le débat sur l’Europe. Il le favorise même, car il contraint les européens convaincus à y prendre part et à ne pas cacher leurs propres critiques que partagent de nombreux citoyens : extrême complexité des textes, excès de réglementation, déficit démocratique, etc. Chacun de vous saura compléter la liste !

En bref, le débat n’est plus « pour ou contre l’Europe », mais « quelle Europe voulons-nous ?».

Telle est la question qui se pose à un an des élections du Parlement européen (qui, selon les Etats, auront lieu entre le 23 et le 26 mai 2019) suivies du renouvellement de la Commission européenne (automne 2019). Comment éviter une forte abstention et recréer le lien entre les populations et l’Europe ? Les responsables politiques savent qu’ils ne peuvent plus bâtir un programme électoral convaincant, sans tenir compte des aspirations des citoyens européens. Cela suppose que ces responsables soient directement informés par les citoyens eux-mêmes de leurs visions de l’Europe (et non par des instituts de sondage ou tout autre intermédiaire).

C’est dans ce contexte que, sur proposition du Président Macron, tous les Etats membres de l’UE (sauf le Royaume-Uni) ont décidé d’organiser des consultations citoyennes sur l’Europe : elles se dérouleront sur plusieurs mois jusqu’en octobre 2018 et elles ont déjà débuté dans certains Etats : Irlande, Slovaquie, Luxembourg et bien sûr en France. On va y revenir.

Les synthèses de ces consultations seront centralisées par la Commission européenne qui, comme le Parlement européen, soutient fortement l’ensemble de l’opération. Elles seront ensuite transmises aux Chefs d’Etat et de gouvernement avant leur réunion de décembre 2018.

En France, l’opération a été préparée depuis plusieurs mois sous l’autorité de Nathalie Loiseau, Ministre des affaires européennes, et le 17 avril Emmanuel Macron lançait, à Epinal, la première consultation citoyenne.

Certes la presse s’en est fait l’écho, mais avons-nous tous compris l’ampleur et l’originalité de ce qui se joue ? Il est permis d’en douter. Pourtant de nombreuses consultations citoyennes sont déjà planifiées dans toute la France avec le label officiel, et quiconque pourra s’exprimer sur l’Europe : questions, critiques, regrets, visions, déceptions, espoirs…

Savez-vous que ces réunions peuvent être organisées sur proposition de citoyens comme vous et moi ? Cela vous étonne ? Moi aussi, pourtant il en est bien ainsi.
Comment ? Tout est clairement (oui !) expliqué dans le Dossier de presse du Ministère et sur le site partenaire Toute l’Europe.

Vous y trouverez toutes les informations utiles :
– pour organiser, si vous le souhaitez, une consultation citoyenne, par exemple dans le cadre d’une association, d’un quartier, d’une école, d’un village, d’une entreprise, etc. ;
– pour participer, selon vos disponibilités, à une consultation citoyenne si possible près de chez vous, pour faire entendre votre avis, vos attentes, vos propositions, mais aussi pour en discuter et y réfléchir avec d’autres participants ;
– ou simplement pour vous informer sur l’ensemble du dispositif et son déroulement.
De quoi satisfaire tous ceux qui veulent s’impliquer d’une façon ou d’une autre, y compris en relayant l’information autour d’eux.

Mais diront les sceptiques et Cassandre de tous bords, tout cela n’est-il pas un pur exercice de communication de la classe politique européenne pour se donner bonne conscience avant les prochaines élections ? La réponse dépend de nous tous. La balle est dans notre camp et si nous ne la saisissons pas, alors oui, l’opération n’aura pas atteint son objectif : ce serait dommageable.
Il nous est demandé aujourd’hui quelle Europe nous voulons : il est de la responsabilité de tous de le dire. Puisse la date de cette lettre, le 9 mai (journée de l’Europe), être de bon augure.

 

Blanche Sousi 
et son équipe