Banque-Notes Express du 6 janvier 2024
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2024 : des élections européennes avec Delors en héritage
Blanche Sousi
Professeur émérite de l’Université Lyon 3
Chaire Jean Monnet ad personam de droit bancaire et monétaire européen
On savait que, compte tenu du calendrier électoral européen, 2024 serait une année de nombreux changements pour la classe politique de l’Union européenne : élections du Parlement européen en juin, nomination à la présidence de la Commission européenne dans la foulée, puis à la présidence du Conseil européen en novembre. On espérait que, comme tous les cinq ans, ce serait l’occasion de parler d’Europe, de son fonctionnement, de ce qu’elle nous apporte, mais aussi de débats et de propositions sur ce qui devrait être modifié, amélioré, réformé.
Cependant, sans beaucoup d’illusions, on savait que pour la plupart des citoyens européens tout cela resterait abstrait et désincarné ; très complexe aussi, il faut bien l’admettre.
Or, la mort de Jacques Delors le 27 décembre dernier a peut-être permis une évolution de cette image d’une Europe technocrate et lointaine des préoccupations des européens. En effet, toute la presse a relayé des témoignages unanimes saluant « le grand homme de l’Europe », le « bâtisseur de l’UE », en rappelant son rôle déterminant notamment pour la création de l’euro, d’Erasmus, du marché intérieur : autant de réalisations qui paraissent aujourd’hui banales mais qui ont changé beaucoup de choses dans la vie des européens. Grâce à ces témoignages et ces rappels, chacun a pu comprendre l’action concrète de celui qui fut président de la Commission européenne de 1985 à 1995.
L’hommage national qui lui a été rendu ce 5 janvier à Paris a réuni de très nombreux responsables politiques européens. Bien sûr parmi eux, il y avait là les trois responsables dont le mandat à la présidence d’une institution européenne s’achèvera courant 2024 : Ursula Von der Leyen (la présidente de la Commission européenne), Roberta Metsola (la présidente du Parlement européen), Charles Michel (le président du Conseil européen).
Est-ce que celles et ceux qui leur succèderont sauront renvoyer l’image d’une Europe proche des citoyens comme avait su l’incarner Jacques Delors ? On aura déjà une partie de la réponse lors des élections pour le renouvellement du Parlement européen. C’est la première étape et elle est essentielle car, en principe, il faudra tenir compte des résultats pour la nomination à la présidence de la Commission européenne, comme on l’a déjà expliqué précédemment : Banque-Notes Express du 3 juillet 2019.
A suivre donc, mais pour l’heure, nous signalons avec plaisir que la Belgique assure depuis le 1er janvier et jusqu’au 30 juin 2024, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (composé, selon le domaine traité, des ministres des 27 Etats membres), à ne pas confondre, on le rappelle, avec le Conseil européen (composé des chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 Etats membres).
Nos vœux de grand succès à nos nombreux amis belges pour cette présidence dont le site officiel est déjà séduisant et le programme prometteur.