Assouplissement qualitatif (Credit Easing)
On désigne ainsi les mesures de politique monétaire d’une banque centrale qui, lorsqu’elle accorde aux banques commerciales les liquidités qui leur manquent, accepte de prendre en garantie, des créances de moins bonne qualité que celles qu’elle exige généralement. Ainsi, en temps normal, la BCE n’accepte que des créances sûres et ne présentant quasiment aucun risque. Mais la crise économique et financière a changé la situation. En effet, certaines banques ne disposaient plus de garanties d’assez bonne qualité pour bénéficier des liquidités de la BCE. Afin d’éviter une crise de liquidité généralisée, la BCE a assoupli ses exigences en acceptant des garanties de moindre qualité.
De telles mesures de politique monétaire sont dites « non-conventionnelles ».
Assouplissement quantitatif (Quantitative Easing – QE)
On désigne ainsi les mesures de politique monétaire d’une banque centrale qui, pour rétablir la confiance des marchés financiers, achète en quantité considérable des titres détenus par des entreprises, des banques ou des investisseurs. L’idée est de provoquer un choc de confiance parmi tous les agents économiques (banques, ménages, entreprises, investisseurs) en leur donnant ainsi l’assurance qu’ils peuvent ou pourront revendre les titres qu’ils ont achetés (même si ce sont des titres d’un Etat en difficulté). La BCE a lancé ainsi le programme pour les marchés financiers « SMP » (Securities Markets Programme), de plus de 200Mds€ et elle a annoncé, en septembre 2012, le programme «OMT » (Outright Monetary Transactions) (voir la définition). Contestée au sein même de la BCE et en Allemagne, cette opération n’a pas encore été exécutée, mais sa seule annonce a calmé les marchés.
De telles mesures de politique monétaire sont dites « non conventionnelles ».
Depuis la crise de 2008, cette politique d’assouplissement quantitatif est fortement utilisée par la FED, la banque centrale américaine. Le moment venu, la difficulté sera d’y mettre fin progressivement afin que le « sevrage » des marchés se fasse sans heurt.
Banques commerciales
Par facilité de langage, on parle de « banques commerciales » pour les distinguer des banques centrales. L’expression désigne toutes les banques au sens large (et non au sens juridique) : qu’elles soient ou non sous forme mutualiste, qu’elles aient une clientèle de ménages, d’entreprises ou d’investisseurs, qu’on les appelle banques de détail, banques de dépôts, banques d’affaires ou d’investissement, ou plus généralement établissements de crédit, peu importe. L’expression « banques commerciales » recouvre toutes ces catégories.
Liquidité
Qualité d’un actif (ou de tout autre bien) qui peut immédiatement être utilisé comme moyen de paiement : la monnaie fiduciaire (les pièces et les billets) et les avoirs en compte à vue (dépôts à vue des clients) sont très liquides. On dit d’ailleurs que ce sont des liquidités. Les avoirs en compte à terme, les titres, créances ou obligations sont plus ou moins liquides selon qu’ils peuvent ou non être facilement cédés (« mobilisés »). Quant à un bien immobilier, il n’est pas liquide. Il convient de préciser que les liquidités dont dispose une banque ne sont pas forcément des fonds propres : par exemple, une banque qui a des dépôts importants de sa clientèle aura un fort taux de liquidité. A l’inverse, une banque qui distribue des crédits à long terme sans recevoir des dépôts, aura un taux de liquidité faible sinon nul.
On dit d’une banque qu’elle est liquide lorsqu’elle a suffisamment de trésorerie ou d’actifs mobilisables pour faire face à des échéances à très court terme. Sinon, elle va chercher à céder ou mettre en garantie certaines des créances qu’elle détient pour se procurer les liquidités qui lui manquent. Elle se refinance ainsi soit auprès des autres banques commerciales (marché interbancaire), soit auprès de sa banque centrale.
Solvabilité
Situation d’une entreprise dont le total de ses actifs est supérieur au total de ses dettes.
Plus encore que pour toute autre entreprise, la solvabilité d’une banque commerciale présente un intérêt majeur : en effet, son insolvabilité (et donc sa mise en « faillite ») pourrait mettre en péril le système financier par un effet dominos qu’il convient d’éviter. Or sa solvabilité dépend beaucoup des risques qu’elle prend en accordant certains crédits ou en faisant certaines opérations financières. C’est pourquoi, des règles ont été élaborées au plan international (dites Bâle1, Bâle2 et Bâle 3) et reprises au plan européen (en dernier lieu directive dite CRD IV) dans le but de réduire le risque d’insolvabilité des établissements de crédit.
Dans l’Union européenne, la surveillance de la solvabilité bancaire est une mission assurée par les autorités nationales de contrôle (en France, l’Autorité de contrôle prudentiel – ACP). Depuis la crise de 2008, l’idée s’est imposée qu’il fallait désormais prévoir, pour les grandes banques, une surveillance au plan européen. Le projet d’Union bancaire qui se met en place confie cette mission à la Banque centrale européenne.
Taux directeurs
D’une façon générale, on désigne ainsi les taux d’intérêt pratiqués par une banque centrale lorsqu’elle fournit des liquidités aux établissements de crédit qui se refinancent ainsi auprès d’elle, ou lorsqu’elle prend en dépôt leurs excédents de liquidités. Ces taux sont appelés ainsi parce qu’ils jouent un rôle déterminant dans le prix de l’argent. La Banque centrale européenne dispose de trois taux directeurs : celui de la facilité de prêt marginal, celui de la facilité de dépôt et celui des opérations principales de refinancement. C’est ce dernier taux qui est le principal outil de la politique monétaire de la Banque centrale européenne et c’est vers lui que tous les regards se portent lorsqu’une décision de hausse ou de baisse est attendue (ou espérée). Ces taux directeurs sont fixés pour toute la zone euro par le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.
Source : Lexique de la banque et des marchés financiers, Blanche Sousi (avec la collaboration de Sébastient Dussart et Franck Marmoz), Ed. Dunod, 6ème éd.
Taux de la facilité de dépôt
Taux d’intérêt fixé par la BCE pour rémunérer les dépôts que font, à la banque centrale de la zone euro dont elles dépendent, les banques commerciales qui ont des excès de liquidités. Ce taux est fixé au jour le jour.
Actuellement il est nul (0% depuis 2012) ce qui veut dire que la BCE n’encourage pas ces dépôts, mais incite les banques soit à prêter leurs liquidités à d’autres banques (sur le marché dit interbancaire), soit à les utiliser dans l’économie réelle.
Les opérations de facilité de dépôt sont effectuées à la demande des banques commerciales (et non sur offres de la BCE).
Taux de la facilité de prêt marginal
Taux d’intérêt fixé par la BCE pour rémunérer les prêts accordés à des banques commerciales par la banque centrale de la zone euro dont elles relèvent. Ce sont des prêts à très court terme (24 heures). L’emprunteur demande en urgence de la liquidité (disponibilité). Cette technique est utile quand le marché interbancaire est très limité. Ce taux est actuellement de 1,00% (depuis mai 2013).
Les opérations de facilité de prêt marginal sont effectuées à la demande des banques emprunteuses (et non sur offres de la BCE).
Taux de refinancement
Taux d’intérêt fixé par la BCE pour rémunérer les « opérations principales de refinancement » (voir cette définition) qu’elle propose chaque semaine en faisant des appels d’offres (et non à la demande des établissements contrairement aux facilités de dépôt ou de prêt marginal).
C’est le principal taux directeur de la BCE et l’outil essentiel de sa politique monétaire : lorsqu’il est bas, il est censé encourager l’activité économique en incitant les établissements emprunteurs à accorder des crédits moins chers à leurs propres clients. Lorsqu’il remonte, c’est le signe que la BCE veut anticiper un risque d’inflation. Actuellement ce taux est très bas (0,50%), sachant qu’il est quasiment nul à la Banque centrale américaine (0,25%) et à la Banque du Japon (0,1%).
Lors d’une conférence de presse du 4 juillet 2013, le Président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé que les taux de zone euro vont rester à leur plus bas niveau historique, voire encore baisser, « pendant une période prolongée ».
Opérations principales de refinancement (MRO – Main refinancing operation)
Pour assurer leurs missions, les banques commerciales ont besoin de liquidités. Or, leurs actifs le sont plus ou moins, et elles vont alors chercher à se refinancer pour pouvoir offrir des services à leur clientèle et assumer leurs propres engagements. Dans le cadre de la politique dite « d’open market », la BCE en lien avec la banque centrale nationale de la zone euro concernée, va contribuer au refinancement desdites banques en leur consentant des prêts contre remise en garanties de certains actifs (des titres ou autres créances) et qui constituent ce qu’on appelle « le collatéral ».
Ces opérations sont réalisées à l’initiative de la BCE qui lance, chaque semaine, des appels d’offres au taux qu’elle a fixé (voir la définition de « Taux de refinancement »). Par ce refinancement, il faut bien comprendre que la BCE n’achète pas de manière ferme ces actifs, mais les prend seulement en garantie (on dit « en pension »), pendant la durée limitée du prêt. Ces actifs (classés en niveau 1 et 2) doivent être de qualité, considérés comme non risqués pour être acceptés par la BCE (on dit qu’ils sont « éligibles »). Ces exigences sont connues. A noter cependant que du fait de la crise, la BCE peut être moins exigeante sur la qualité de ces garanties : on dit alors qu’elle mène une politique monétaire non-conventionnelle.
Outright Monetary Transactions (OMT)
Programme de rachat sur le marché secondaire d’obligations d’Etat.
Avec la crise de certains Etats membres de la zone euro et particulièrement de leur dette (on parle de « dette souveraine »), il est apparu nécessaire de mettre en place un dispositif de grande ampleur visant à éviter des défauts de paiement qui auraient pu conduire à la défaillance d’Etats. En septembre 2012, le Président de la BCE, Mario Draghi a annoncé un nouveau programme de rachat de dettes publiques, dit OMT, en quantité illimitée, mais uniquement sur le marché secondaire. Il s’agit donc d’acheter des titres à des investisseurs qui les détiennent déjà. En effet, la BCE ne pourrait pas acheter ces titres directement à leur émission car ce serait contraire au Traité sur le fonctionnement de l’UE qui lui interdit de financer les Etats. Cette opération constitue une mesure d’ « assouplissement quantitatif » (voir la définition).
Le bénéfice de ce programme implique que l’Etat concerné mette en œuvre des réformes économiques tendant à rétablir une situation budgétaire et économique plus saine.
Ce programme est pourtant controversé au sein même de la BCE, notamment par le gouverneur de la Bundesbank qui a fait savoir son opposition à cette décision. De plus en Allemagne, des élus et des citoyens ont intenté un recours devant la Cour constitutionnelle allemande : ils estiment qu’un tel programme viole la loi fondamentale allemande ayant délégué la politique monétaire à la BCE. Le résultat de ce recours ne sera pas connu avant l’automne. Néanmoins, la seule annonce de ce programme qui n’a pas encore été utilisé, a eu un effet positif sur les marchés.