L’Europe vue de l’amphi
Vous vous souvenez peut-être que notre Banque-Notes Express du 9 mai dernier s’ouvrait par une question : « Quelle Europe voulons-nous ? », et s’achevait par une invitation à y répondre ou, mieux, à organiser une consultation citoyenne pour en débattre.
Nous ne pouvions nous dérober à un tel appel et ne pas saisir la balle que nous avions lancée. Et c’est ainsi que depuis, nous réunissons nos étudiants (ou anciens étudiants) autour de cette question : « Quelle est votre vision de l’Europe ? ».
Ils ne se font pas prier pour le dire et l’écrire : cependant, au préalable, ils expriment leur joyeux étonnement d’être consultés dans le cadre des consultations citoyennes organisées à la demande du Conseil européen. De plus, ils insistent sur l’espoir que fait naître une telle opération et la déception qui serait la leur si tout cela s’avérait n’être qu’une pure action de communication des responsables politiques européens à l’aube des prochaines échéances électorales. Dont acte. Ils se sentent donc pleinement impliqués par ces consultations, ce qui est déjà pour nous une source de satisfaction.
Ces déclarations préalables étant faites, ils nous parlent de l’Europe telle qu’elle leur apparait et telle qu’ils la voudraient. Voici une sélection provisoire parmi leurs premières réponses.
Pour quasiment tous, l’Europe est abstraite, lointaine, complexe, alors même que, précédemment, durant leur cursus universitaire, beaucoup ont suivi des enseignements sur les institutions européennes (quelques-uns disent même avec férocité qu’ils ont « subi » certains cours). Ils la voudraient plus concrète, plus présente, plus visible dans leur quotidien. Ils voudraient l’avoir apprivoisée dès le collège, pour mieux la comprendre et donc se l’approprier.
Et pour relever tous ces défis, ils avancent déjà quelques propositions. Ce sont le plus souvent des idées de bon sens (ce qui était l’esprit de Jean Monnet). Nous en publierons une synthèse. Promis.
Par ailleurs, tous regrettent l’image dégradée qu’en donne très souvent l’actualité. Ils voudraient une Europe plus protectrice de l’environnement et des droits fondamentaux, plus sociale et solidaire, plus harmonisée fiscalement, plus transparente, plus simple, plus sûre.
Certains, davantage spécialisés en matière de services financiers, plébiscitent l’Europe des paiements mais s’interrogent sur la protection de leurs données bancaires ; ils saluent les réformes européennes adoptées à la suite de la crise de 2007-2008 mais souhaitent une régulation accrue des « Fintech » et du shadow banking ; ils insistent sur la nécessité d’assurer une loyale concurrence entre tous les acteurs ainsi que la sécurité des investisseurs. Ils disent leur intérêt pour le développement de la conformité devenue une obligation dans les établissements bancaires et financiers.Ils disent aussi que même pour eux, supposés spécialistes, l’Europe des services financiers est très complexe, et prônent une éducation financière accessible à tous les citoyens européens.
Et tant de choses encore … nous relaterons tout cela sans doute par ailleurs.
Blanche Sousi
et son équipe