On n’a pas tous les jours 20 ans

L’€ a vu le jour il y a vingt ans. C’était le 1er janvier 1999. Le Conseil européen le rappelle dans un Communiqué de presse du 31 décembre 2018  (en anglais) comprenant de nombreux liens utiles à quiconque voudrait en savoir plus ou se remémorer l’aventure.

La presse du monde entier consacre à cet anniversaire de nombreux articles et commentaires. Des dossiers retracent les principales dates de la gestation de la monnaie unique et de ses premières années. Ceux qui ont présidé à sa naissance livrent leurs souvenirs, ainsi que ceux qui ont géré ses premières crises d’adolescence : ce sont là de précieux témoignages qu’il faut faire entrer dans les livres d’histoire.

Car il s’agit maintenant « d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » : et il est vrai que l’euro ne suscite auprès des jeunes générations ni étonnement, ni nostalgie, mais une calme indifférence (sauf si leurs parents ou grands-parents leur parlent de l’avant !). 

Certains d’entre vous se souviennent sans doute des colloques, séminaires et autres événements organisés à cette époque. La préparation du passage à l’euro fut pendant plusieurs années un chantier d’une grande ampleur (autrement plus complexe que le passage au prélèvement de nos impôts à la source !). Ce chantier concernait les particuliers, les entreprises, les administrations, les banques (bien sûr), en bref toutes les activités, et il soulevait des problèmes non seulement politiques, juridiques, économiques, financiers, informatiques, mais aussi sociologiques. La relation des citoyens à leur monnaie est particulière.

Depuis, « l’euro est entré dans les mœurs et les cœurs » comme un journaliste l’a joliment titré à la suite d’une enquête d’opinion effectuée en octobre 2018 par la Commission européenne (voir - en anglais - le résumé de cette enquête Eurobaromètre).

Faut-il rappeler que l’euro a été créé pour renforcer le développement du marché intérieur au profit des entreprises et des consommateurs ? On constate ses nombreux avantages : il a évidemment supprimé les risques de change au sein de la zone euro, il permet de voyager avec la même monnaie à travers l’Europe (et même au-delà de la zone euro), c’est un ciment citoyen et un élément constitutif de l’identité européenne, sans parler de sa place dans le monde, etc.  Tout européen, un tant soit peu responsable, même le plus farouche opposant au fonctionnement actuel de l’Union européenne, n’ose aujourd'hui prôner le retour à sa monnaie nationale.

Certes, tout le monde sait que la construction est inachevée, et ce, depuis la préparation du passage à la monnaie unique. L’euro n’est que l’union monétaire. C’était un premier pas en attendant une véritable union économique et budgétaire. De petits pas ont donc été faits depuis 20 ans, notamment avec l’instauration du semestre européen. La marche reste difficile et sinueuse. Qui voudra, et quand, aller au bout du chemin ou du moins l’approfondir suffisamment pour ancrer définitivement les Etats de l’Union dans cette « communauté de destin » ?

                                                                                                                   Blanche Sousi
                                                                                                                   et son équipe